Un historique du Marque-Page

     

 

 

         La date de la création du premier marque-page nous est inconnue. En collection, on en trouve des exemplaires "anciens" remplissant les mêmes fonctions pratiques et économiques qu'aujourd’hui, ce qui confirme la longévité de ce produit. En plus de leur rendu iconographique, la seule différence,  par rapport à l'époque actuelle, réside dans le fait qu'ils étaient plus rigides pour découper les cahiers de la reliure qui, à l'époque, n'étaient pas massicotés. Par contre, si cet objet est très ancien, il est tout aussi certain que c'est relativement récemment que cette dénomination a remplacé, dans le langage courant, celle de signet. Il semblerait qu'on réserve ce dernier vocable aux bandes de tissus attachées au livre.

 

         Pour "marquer" une "page", sa fonction initiale, on utilise, la plus part du temps, ce rectangle de papier assez rigide et quasiment gratuit ; cependant certains prennent des formes découpées, allant jusqu'à être animés, en évoquant le thème abordé. Ceci n'est pas réservé aux livres (l'usage principal), mais s'étend à toutes sortes de publication. Même au cours de lectures professionnelles, ou à la chaude lueur d'un abat-jour ou à celle envoûtante du scintillement de l'âtre, suffisante pour habiller les boiseries environnantes, il est réconfortant de retrouver avec plaisir ce simple compagnon qui partage, alors souvent par magie, l'indispensable intimité de nos rêves.

 

          Il rend un autre service essentiel : celui de vecteur de communication, de publicité. Dans ce rôle, si on l'associe d'emblée, avec juste raison, aux éditeurs de livres, aux bibliothèques, aux théâtres, entre autre, il sert aussi à beaucoup d'autres organismes, et on y retrouve tout le panel d'activités de la vie des Hommes. Ce simple bout de papier nous ouvre ainsi, d'une manière ludique, attirante et personnelle, des horizons insoupçonnés. Il sert, aussi, de support aux artistes (et peuvent, bien sûr, devenir payant) pour exprimer leur talent.

 

         C'est pour toutes ces raisons qu'il attire les signopaginophiles, agrémentant leur collection de puzzles, de duos (association du marque-page et du flyer)

 

        Il se décline, aussi, sous forme métallique, mais ne rentre pas, alors, dans la panoplie traditionnelle du collectionneur ; et est, de facto, une approche plus personnelle de la collection, et également un petit peu plus onéreuse. Dans ce même esprit, à l'instar des européens, on peut dénicher des marque-pages sur des supports originaux et venant souvent d'autres civilisations comme la Chine.

 

          Notons au passage, dans la terminologie, l'emploi du mot "signet" pour "marquer" une "page" web. Alors, à l'heure de l'informatique, on le retrouve même dans la dématérialisation. Cette dernière ne pouvant être l'unique moyen de divulgation de nos besoins (tant la diversité des comportements est grande), "il" saura trouver le biais pour être encore là à nous titiller la mémoire, d'une manière traditionnelle.  

 

       On le voit cet ustensile, sujet de cet article, n'est pas réservé aux contrées de notre continent. Par ailleurs, il a su traversé le temps et a toujours trouvé sa place intimiste dans nos modes de vie, se faufilant dans presque tous les actes de notre existence.

 

Yves Cot

@labri-cot